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CATEGORIES:Appels à communication
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SUMMARY:Frontières et Limites de la Fantasy : précurseurs, apparentés, compagnons de route
LOCATION:Université Littoral Côte d'Opale
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Appel
à communications
Colloque
international
Frontières et Limi
tes de la Fantasy : précurseurs, apparentés, compagnons de
route
27 février -
1er mars 2019 – Université Littoral Côte d’Opale – Boulog
ne-sur-Mer
Comité organisateur : Anna Vaninskaya (University of E
dinburgh), Justine Breton (U. de Picardie), Xavier Escudero (ULCO), Claire
Jardillier (ULCO), Marc Rolland (ULCO)
C’est Lin Carter dan
s A Look Behind the Lord of the Rings (1969) qui, avec plus d&rsqu
o;enthousiasme que de science, a été l’un des premiers à inscrire l&r
squo;œuvre de J.R.R. Tolkien dans une tradition littéraire, celle de
la « Epic Fantasy ». Ainsi, bien loin d’être une œuvre unique,
répondant aux seules définitions de la « création secondaire » établies par
l’auteur lui-même, ce cycle de romans prend place dans une tradition
composée d’épopées gréco-romaines, de chansons de geste, de sagas sc
andinaves, des romans de l’Arioste et, plus récemment, de la producti
on romanesque d’auteurs tels William Morris, Lord Dunsany, E.R. Eddis
on, C.S. Lewis, James Branch Cabell et bien d’autres.
Si no
us savons quel a été le rayonnement de William Morris, rappelée par des étu
des récentes depuis la thèse de Kelvin Massey en 2007 (The Roots of Mid
dle Earth : William Morris' Influence upon J.R.R. Tolkien) jusqu&rsquo
;à l'introduction à la traduction française de The Well at the World's
End par Anne Besson (2016), le rôle de « précurseur » que C.S. Lewis r
econnaît à E.R. Eddison ainsi que la place de fédérateur occupée par Lewis
lui-même au sein des Inklings, la référence absolue en termes de F
antasy en ce début de XXIe siècle demeure Tolkien. Ainsi, tracer les points
communs entre différents auteurs dûment classés dans la 'Fantasy' n’
a rien d’évident. Dans le grand désordre des appellations, peut-on ré
ellement considérer comme appartenant au même genre l’oeuvre de Tolki
en et la trilogie de Gormenghast de Mervyn Peake ? Et que dire de
James Branch Cabell, romancier américain qui est bien plus à sa place aux c
ôtés de ses contemporains Sinclair Lewis et F. Scott Fitzgerald, mais que l
’on place lui aussi parmi les inventeurs de la Fantasy ?
No
us nous proposons donc de refaire le point sur les influences croisées et l
es appartenances génériques des auteurs qu’on s’accorde, à tort
ou à raison, à considérer comme les inventeurs de la Fantasy, sachant que
même l’influence de Morris sur Tolkien, si elle est incontestable, se
mble un rien occultée et gagnerait à être explicitée et commentée dans tout
e son ampleur. En partant de là, nous interrogerons les parentés entre ces
romanciers et leurs contemporains, qui appartiennent formellement à d&rsquo
;autres genres plus reconnus dans la tradition fin-de-siècle, comme le « ro
mantisme noir » tel qu’il a pu être défini par Mario Praz, ou le « Ro
mantic Revival » de Stevenson, de Rider Haggard. Cabell n’est-il pas
plus proche d’Oscar Wilde ou de Sinclair Lewis dans sa célébration de
la « Fairy Child » ? Dunsany, du conte de fées pour adultes très en vogue
à la fin de l’époque victorienne comme l’a démontré Jeff Zipes
? E.R. Eddison, apprécié et reconnu comme l’un des leurs par Tolkien
et Lewis, est très proche de Gabriele D’Annunzio par bien des thèmes
qu’il illustre et par sa philosophie - qui déplaisait fort à Tolkien
- sans qu’on puisse prouver dans l’état actuel des choses un li
en avéré. Nous nous efforcerons donc de montrer comment ces auteurs sont in
fluencés par les écoles littéraires et esthétiques de leur temps. En effet,
comment comprendre William Morris sans rappeler les liens qui l’unis
saient aux pré-raphaëlites ? Au lieu de ‘Fantasy’ – un te
rme qui s’appliquerait alors, en priorité, aux successeurs de Tolkien
, sans oublier les formes « héroïques » de Howard, reprises plus tard par S
prague de Camp et bien d'autres – ne pourrait-on pas parler d’u
ne phase tardive ou résurgente du romantisme ?
Quelques points co
mmuns sont à souligner - la création d'un univers secondaire, le culte de l
a 'Northernness' partagé autant par Morris que, plus tard, par Eddison, Lew
is et Tolkien, et qui se transmettra à toute la 'Heroic Fantasy' ; la méfia
nce sous-jacente, voire le dégoût éprouvés par ces auteurs devant le specta
cle désolant du monde moderne industrialisé, et qui les font se tourner ver
s un Moyen Age rêvé, soit pour s’échapper, soit pour proposer des voi
es de régénération. Ces ressemblances dissimulent bien souvent des options
philosophiques, politiques, spirituelles non seulement différentes mais ant
agonistes. Il existe d’ores et déjà une importante littérature consac
rée au christianisme de Tolkien ; le décryptage de l’étrange métaphys
ique de l’amour chez E.R. Eddison, ainsi que de ses valeurs aristocra
tiques est encore bien embryonnaire, mais dans les deux cas on est bien loi
n de Morris, le socialiste, qui croit en l'avènement potentiel d’un «
Paradis terrestre » et pour qui l’homme est créateur de mythologie a
u lieu que pour Tolkien il n’est que sous-créateur.
Quant a
u rayonnement de ces auteurs, bien avant Tolkien, témoignant ainsi de l&rsq
uo;attrait fondamental de sa thématique et de ses valeurs, certains ont con
nu une immense popularité. Ainsi
The Well at the World's End de Wi
lliam Morris, qui a tout d’une féerie archétypale, fut une des lectur
es préférées des soldats de la Grande Guerre ; Lawrence d’Arabie serr
ait dans son paquetage
The House of the Wolfings du même auteur.
div>
Un genre plus périphérique, celui qui traite de mondes perdus ou l
es ‘romans archéologiques’ de H. Rider Haggard, dont les reines
immortelles peuvent figurer dans les mêmes catégories que les Galadriel ou
les Dames d’Abondance, sera tout à fait à sa place dans notre étude.
Il en va de même pour les mondes teintés de magie de Marie Corelli, dont c
ertaines œuvres comme The Sorrows of Satan préfigurent l&rsq
uo;univers de Charles Williams, aussi fantastiques que Vathek, de
William Beckford, cent ans plus tôt, et dont l’immense popularité n&r
squo;avait rien à envier à celle, plus tard, du Lord of the Rings.
Parmi les facteurs qui unissent ces romans (et qui fera l’
objet d’une étude spécifique), le langage est primordial. Les auteurs
étudiés ont fait le choix de réinventer leur langue, archaïque et souple e
n même temps, pour marquer leur désir de rejet, de fuite ou de réenchanteme
nt du monde moderne. Ils adhèrent pour l’essentiel au jugement de Mor
ris : ''(…) all language was beautiful. But now language is utterly
degraded in our daily lives, and poets have to make a new tongue each for h
imself. Before he can ever begin his story he must elevate his means of exp
ression from the daliy jabber to which centuries of degradation have reduce
d it. '' (Collected Letters 2 : 483). Les archaïsmes seraient donc
des « integral thoughts » et les créateurs auront pour tâche d’harmo
niser ethos, mythos et lexis. (Shippey, The Road to Middle Earth,
220-1). L’importance des paysages, de la couleur, la réaffirmation du
Beau, de la délectation, au moment où l'utilitaire industriel se répandait
dans la société est au centre de leur art. D’autres axes de converge
nce pourraient être le recours à la mythologie, classique, celtique, scandi
nave, l’image de la femme et son rôle changeant, prise entre archaïsm
e et autonomie.
Cette tradition littéraire serait-elle surtout l'
apanage de la tradition anglophone ? Dans un souci comparatiste nous nous e
fforcerons d’élargir notre étude à d’autres langues. Proche d&r
squo;E.R. Eddison dans certaines de ses inspirations, même s'il s'agit plut
ôt d’un 'développement convergent' que d'influences à proprement parl
er (Joseph Young), Gabriele D'Annunzio, s’il n'invente pas des mondes
'secondaires' se forge une langue particulière pour renouer avec ses époqu
es de prédilection que sont l'Antiquité et la Renaissance italienne. Ernst
Jünger, dans ses romans que l’on situe tantôt dans la Fantasy, tantôt
dans l’anticipation, comme Heliopolis, assume la même fonct
ion de critique et de rejet du monde déshumanisé et industrialisé, sa langu
e au classicisme assumé se mettant au service de ses prédilections, et son
« recours aux forêts » peut s’apparenter à l’ « évasion du pris
onnier » par le biais de la littérature, défendue par Tolkien, pour répondr
e à l’accusation d' « escapism ». Dans le monde lointain de l’I
nde du Nord, influencé, il est vrai, par les Britanniques, leur science, le
ur littérature, et sans éluder les spécificités culturelles, le monde picar
esque de Ratan Nath Sarshar dans son épopée Fasana-e-Azad, peut lu
i aussi, dans toute sa particularité, réunir les formes archaïques et médié
vales du Dastan et les ressources du roman psychologique moderne,
ainsi que la volonté exprimée de marcher sur les traces de Don Quichott
e. Plus récemment, ne pourrait-on y reconnaître un « apparenté » ou mi
eux encore un « fellow traveller » de la Fantasy, la grande fresque de Sham
sur Rahman Faruqi, The Mirror of Beauty (2014) recrée un monde oni
rique moghol dans un langage poétique réinventé autour de la figure d&rsquo
;une héroïne qui tient à la fois du personnage historique et de la princess
e surnaturelle qui semble habiter un portrait enchanté transmis d’épo
que en époque ? Dans le domaine hispanique, le genre steampunk que
revendique l’écrivain Miquel Giménez (né à Barcelone en 1959) dans s
on roman Mystero. El imperio de las tinieblas (Mystero. L&rsqu
o;empire des ténèbres, 2007, roman traduit aux Éditions Ramsay, à para
ître en octobre 2018) permet non seulement d’apprécier le renouvellem
ent du genre de la fantasy en Espagne mais également de redécouvri
r le roman d’aventures hybride de la première moitié du XXe siècle (e
ntre le policier, la science-fiction, le comic et le pulp
) à travers, notamment, la figure de l’écrivain Guillermo López Hipki
ss (1902-1957), créateur de personnages justiciers au code chevaleresque. Q
uelle part prend, en effet, la fantasy dans le genre steampunk
? Le personnage de Mystero, sorte de Fantômas martien et inv
enteur d’une réalité parallèle, doté de pouvoirs magiques et surnatur
els, d’une nature parfaite ainsi que le narrateur s’emploie à l
e décrire, viendrait-il se placer au croisement d’une réalité dystopi
que et fantas(t)ique, assisté de personnages sortis des romans d’Arth
ur Conan Doyle, Jules Verne, Alexandre Dumas, George Orwell, Brian Hodge, E
milio Salgari, Maxwell Grant, Souvestre et Allain, Robert E. Howard, Mauric
e Leblanc, Edgar Wallace, Sax Rohmer, Rex Stout, Guillermo López Hipkiss, S
tan Lee, Alan Moore, H.P. Lovecraft et Arthur Machen ?
*
Les contributions concerneront en priorité to
ut auteur qui pourrait être considéré comme « précurseur », à la fois par l
a création d'un monde secondaire que par l'élaboration d'un style littérair
e qui se détache de ceux des courants littéraires plus centraux de la fin d
u XIXe-début du XXe siècle. Il pourrait s'agir des influences plus récentes
attribuées à ces auteurs à condition que ces dernières en viennent directe
ment et non médiées par l'oeuvre de Tolkien. Des thèmes spécifiques à ces a
uteurs, et qu'on ne retrouvera pas nécessairement par la suite, pourront fa
ire l'objet d'une étude tout comme leur dette envers les autres courants et
écoles littéraires de leur temps.
Les propositions de co
mmunication (une page maximum) devront être adressées à :
Marc Rolland (
span>) et Xavier Escude
ro (<
span data-ep-a="ero@un" data-ep-b="iv.lit"
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